Je voudrais vous parler de cette approche thérapeutique, incroyable, que j'ai découverte en 2017. Revenant à Paris après trois ans et demi de voyages et de vie à l'étranger, je me sentais un peu déboussolée. Après avoir écumé les vidéos Youtube à la recherche d'une prophétie pertinente ou du moins d'un discours qui pourrait m'aiguiller sur comment bien vivre mon retour au pays, je suis tombée sur une vidéo abordant la CNV (communication non violente de Marshall Rosenberg) dans laquelle on faisait allusion à une drôle d'approche au nom peu orthodoxe : la maïeusthésie. Curieuse, j'ai fait quelques recherches, lu quelques documents, et pris rendez-vous avec un thérapeute à Paris, parce que rien ne vaut l'expérimentation ! Ce fut le début pour moi d'un nouveau voyage, non plus géographique, mais profondément intime et transformateur.
Le jour J, je fus accueillie dans un garage transformé en cabinet accolé à une maison d'artiste dans le 20e arrondissement. Le thérapeute m'annonça qu'un ami lui prêtait le cabinet pour ses séances parisiennes. Un thérapeute pas très ancré, ça m'a fait sourire. J'étais au bon endroit. Je m'installai donc sur le canapé recouvert d'une tenture indienne, une tisane yogi-tea à la main. Je me sentais comme à la maison. J'étais prête à raconter ma vie, mes questions existentielles et mes multiples appréhensions quant à l'avenir pendant l'heure et demie que devait durer la séance. Néanmoins, après avoir évoqué ce qui m'avait amenée à prendre ce rendez-vous, nous quittâmes rapidement la surface (l’événementiel) pour opérer une plongée dans les profondeurs de ma psyché à la rencontre de ce qui appelait à revenir à la conscience (l'existentiel). L'heure et demi passa en un clin d’œil et je ressortis à la fois apaisée et surprise qu'un tel chemin puisse être fait en si peu de temps. Je retournai à la maison d'artiste à intervalles réguliers pendant une année environ.
Suite à ce cheminement essentiel, je me décidai, un an plus tard à faire mon premier stage de formation en maïeusthésie, avec son fondateur, Thierry Tournebise. Chaque stage fut une révélation dont je me délectais, et chaque accompagnement que je fais désormais un voyage au cœur de l'âme, en toute proximité de la personne qui entreprend son odyssée personnelle à la rencontre d'elle-même.
Alors ce voyage, quel est-il ?
Je vais essayer, sans jargon ni mots alambiqués, de vous expliquer ce qui se joue alors, à l'intérieur de notre psyché, et les rencontres intérieures que l'on est invité à faire, pendant les séances.
La psyché : l'Être que je suis, tous ceux que j'ai été, mes parents, mes ancêtres...
Notre psyché, c'est notre structure psychique, tout ce qui n'a pas trait au monde physique. Nous considérons qu'elle contient des informations bien plus vastes que celles dont nous sommes conscients. Au niveau biographique, elle se compose de qui nous sommes au moment présent, mais aussi de tous ceux que nous avons été depuis notre conception (le bébé, l'enfant, le jeune adulte... tout cela de façon continue). Notre psyché est aussi porteuse d'informations provenant des Êtres dont nous sommes issus au niveau intergénérationnel (parents, ascendants), et dans une dimension plus large, au niveau trangénérationnel, c'est à dire de la lignée dont nous sommes issus et que nous n'avons pas connue directement.
Lorsque nous allons bien, tous les êtres sont en cohésion, c'est à dire qu'ils cohabitent plus ou moins paisiblement à l'intérieur de nous. En fonction des situations de vie, un de ces Êtres qui composent notre psyché peut s'exprimer davantage que les autres, quand nous sommes en colère, inquiet, quand nous cherchons à séduire ou à convaincre ou quand nous nous sentons paisible. C'est ce qui fait l'unicité, et la richesse, de chacun d'entre nous.
Cependant, quand un contexte ou un événement nous déstabilise, il arrive que les émotions ressenties dépassent nos capacités de gestion. Le trop plein émotionnel est alors perçu par la psyché comme une menace qui risque de l'envahir.
La pulsion de survie : Clivage, protection & compensation
Un élan de protection spontané et inconscient, que l'on nomme la pulsion de survie, met alors ce vécu à l'écart afin de limiter la souffrance ressentie. Ce faisant, nous opérons une coupure avec le contexte déstabilisant, mais aussi avec l'Être que nous étions et son vécu chargé en émotion. Cela me fait penser à l'expression jeter le bébé (l'être et ses émotions) avec l'eau du bain (le contexte). Bien qu'assurant la survie psychique, cet éloignement (clivage) crée un vide, une forme d'absence intérieure que nous chercherons à compenser de diverses manières. De là apparaissent plusieurs formes de compensations (addictions, goût prononcé pour le sucre, dépendance affective, sport ou travail à l'excès, fuites...) qui sont très coûteuses en énergie. Ces tentatives de combler un vide intérieur par des apports extérieurs sont vaines mais permettent néanmoins de continuer à vivre en attendant de savoir faire autrement.
Souvent, une baisse d'énergie (fatigue, stress, burn-out, nouvel événement déstabilisant, etc.) fait que les stratégies de compensation deviennent inopérantes, et le vide intérieur refait surface, sous la forme d'un symptôme. Celui-ci peut prendre diverses formes, allant d'un mal-être général à des douleurs psychosomatiques (dont l'origine n'est pas physique), en passant par tout un éventail de maux tels que des difficultés relationnelles, des échecs répétés, de l'anxiété, ou simplement la sensation de ne pas être à sa place.
La pulsion de vie : Symptôme et cohésion
C'est à ce stade que la pulsion de vie, dont le principe est la cohésion de la psyché, apparaît pour mettre en place un symptôme. Loin d'être un problème à éradiquer (bien qu'il soit souvent difficile à vivre nous en convenons), le symptôme qui amène une personne à consulter est là spécialement pour montrer la voie vers la zone psychique que nous avons écartée de notre conscience. Chercher simplement à supprimer le symptôme reviendrait à tirer sur le messager sans connaître le message ni sa provenance. Ce symptôme sert alors de fil conducteur pour aller vers ce qui, à l'intérieur de soi demande à être rencontré (un Être clivé). Il ne s'agira alors pas de revivre les événements déplaisants, mais simplement de porter une attention privilégiée à cet Être qui les a vécus et que l'on n'a pas su entendre jusqu'à présent. Il ne s'agit donc pas de se raconter, mais de se rencontrer !
Le symptôme est comme un fil d'Ariane que nous suivons pour retrouver ce qui appelle à être entendu dans notre psyché.
L'accompagnement thérapeutique
Lors d'une séance de maïeusthésie, c'est ce chemin que nous parcourons ensembles, vers les "Êtres de Soi" clivés qui ont besoin d'être entendus, reconnus dans leur vécu et réhabilités dans la psyché. Lorsque la rencontre intérieure se fait, le symptôme (qui était apparu juste pour indiquer la voie) n'a plus lieu d'être. Il s'en suit un apaisement immédiat et des changements surviennent dans le quotidien. L'effet thérapeutique découle de cette écoute et de cette reconnaissance intérieures. Mon travail de thérapeute est d'accompagner à travers ce processus vers des retrouvailles existentielles.
Prenons un exemple (un peu simplifié pour illustrer le propos) :
Alphonse, quatre ans et demi, se fait piquer son doudou attitré par sa petite sœur de deux ans, à qui on laisse tout faire. Alphonse proteste, mais ses parents lui expliquent que sa sœur est petite, et qu'il pouvait bien le lui laisser un peu, que lui était grand, qu'il pouvait comprendre, etc. Ne voulant pas froisser ses parents, dont il est dépendant, Alphonse acquiesce et ravale sa tristesse (c'est là qu'un clivage s'opère). Événement d'apparence anodin, voire insignifiant. Alphonse grandit. Il est plutôt gentil, serviable, et parfois effacé. Adolescent, il rencontre une charmante jeune fille dont il tombe amoureux. Appelons la Lili. Malgré son attachement pour Lili et un début d'Idylle prometteur, celle-ci le quitte quelques mois plus tard, pour un autre. Attristé, Alphonse se sent trahi et abandonné. Il tend à s'isoler et joue aux jeux vidéos pour retrouver un sentiment de contrôle sur sa vie. Puis une nouvelle rencontre, mais la nouvelle petite amie le quitte aussi le rapidement. Alphonse se met à vivre ce type de relation avec toutes ses autres petites amies qui le quittent, souvent pour un autre jeune-homme. Il grandit avec l'amer sentiment de ne pas être digne d'amour. Il continue de s'isoler et se réfugie dans les jeux vidéos (stratégie de compensation). Devenu adulte, Alphonse consulte pour sa dépendance aux jeux (symptôme écran qui cache le symptôme réel) dont la cause apparaît rapidement : ses difficultés relationnelles (symptôme véritable). En effet, il peine à faire confiance et à entrer dans une relation sentimentale.
Lors de la séance de maïeusthésie il rencontre l'enfant de quatre ans et demi qu'il était, qui vit une terrible souffrance d'être séparé de son objet d'affection qui le sécurise, surtout depuis la naissance de sa sœur qui a accaparé l'attention des parents. Lorsque nous écoutons cet enfant, celui-ci se sent trahi et profondément désemparé. Alphonse entend alors, pour la première fois, le désarroi de cet enfant qu'il était, que personne n'a été en mesure, jusqu'à présent, d'entendre. Accueilli et reconnu dans son vécu, l'enfant se sent mieux. C'est un peu comme s'il pouvait enfin se délester de son trop plein d'émotions. Alphonse, d'abord ému, ressort de la séance apaisé et confiant.
Les relations amoureuses insatisfaisantes dans lesquelles l'objet d'amour (les petites amies) ne faisait que partir faisaient écho à ce vécu initial (sentiment d'abandon du fait de la disparition du doudou sécurisant). Ces répétitions, à travers lesquelles le sentiment d'abandon et de trahison se réactivaient, permettaient à Alphonse enfant d'appeler l'attention d'Alphonse devenu adulte. Une fois entendu, lorsque le trop plein d'émotions a pu être déposé, l'enfant retrouve sa place au sein de la psyché (il ne présente plus de menace pour la psyché.)
D'autres séances peuvent être plus complexes, vous pouvez en lire une entièrement retranscrite en cliquant sur ce lien.
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